Sonia Tissot - Tisseuse de Rêves

Le Rêve est le sel de la vie !

 

C’est quoi un conte ?

 Vaste question… Je n’en suis pas certaine. Malgré tout, je dirais que c’est une histoire qui est passée par mille et une bouches et au moins deux fois plus d’oreilles… que le temps a roulée et polie comme un de ces petits galets brillants et lisses dans les lits des rivières. Ses formes sont rondes, douces. Pourtant il est net, précis… C’est un joyau, un trésor qui appartient à tous et à personne, au patrimoine mondial de l’humanité.

 

Certains l’utilise dans un but thérapeutique. Ces contes qui guérissent…

 

C’est tant de choses encore…

 

Quel est le conte que vous ne raconteriez jamais, et pourquoi ?

 Il est prudent de ne pas dire fontaine. Je pensais bien ne jamais raconter de mythologie, et pourtant !

 

Vous racontez-vous des histoires ?

 Les histoires sont du rêve. Si on ne rêve pas, on meurt !

 

Quelle importance accordez-vous à votre signe astrologique ?

 Je n’y aurais sans doute pas songé si on ne m’avait pas si souvent demandé d’un air égrillard "vierge folle ou vierge sage ?"

Eh bien les deux ! Toute ma vie, je serai doublement vierge (oui, l’ascendant aussi).

 

Pire, chez les chinois je suis cochonne ascendant tigresse. Essayez d’être prise au sérieux après ça.

 

Fort heureusement, chez nos amis celtes, je suis pin, et j’ai lu, quelque part, quelque chose, comme quoi je serais louve chez les amérindiens. Je doute sérieusement que les amérindiens aient eu ce genre d’astrologie, mais ça me plaît, alors pour rire, je garde.

 

Quelle part accordez-vous au silence ?

 Pas assez. J’y travaille.

 

Vous sentez-vous de quelque part ?

 Un jour en marchant dans la foule d’un salon parisien, je suis passée devant une calligraphie, dans un style arabisant, qui disait

 

Je ne suis le fils de personne,

 je ne suis d’aucun pays,

 je me réclame des hommes

 qui aiment la terre comme un fruit.”

 

Cela fait plus de dix ans, mais cette petite phrase m’a fait un effet incroyable. Et même si ça n’est pas littéralement vrai, ces mots traduisent tellement ce que je sens dans mes tripes, dans ma moelle.

 

Dans vos rêves les plus fous, où et comment aimeriez-vous raconter ?

 Par une nuit de Samhain, près d’un cercle de pierres dressées, l’histoire de Janet et Tam Lin.

 

Quel est votre conte, ou le conte idéal ?

 Il y a ce film, “Le dernier samouraï”, où un grand samouraï, Katsumodo, parle avec un occidental captif, dans sa demeure, Algren. Il est devant un cerisier en fleurs, et il dit “La fleur parfaite est chose rare. On pourrait passer sa vie à en chercher une, et ce ne serait pas une vie gâchée”. Plus tard, Katsumodo, ayant accompli son devoir, agonise sous un cerisier en fleurs, où il connaît une illumination… “Elle sont toutes parfaites”.

 

Je vois les contes sont comme ces fleurs… Chacun, à sa façon, est parfait. Idéal.

 

Quelle est la principale qualité d’un conteur ?

 On dit beaucoup… Les conteurs sont des menteurs,

 plus vous direz, plus vous mentirez,

 Je ne suis pas là pour vous dire la vérité !

 On dit aussi… Songe, mensonge !

 Alors si le songe est mensonge, les conteurs “menteurs” sont aussi des rêveurs, des visionnaires, des poètes, des faiseurs d’impossible… Ce sont là de grandes qualités !

 

Y a-t-il une différence entre conter et raconter ?

 J’ai la sensation de raconter dans un cercle restreint, amical, avec une certaine intimité.

 Conter ? Là on passe aux choses sérieuses ! Il y a un auditoire, une scène… Les deux sont intéressants.

 

Le répertoire ?

 Je pioche dans mes histoires pour tous les âges, de la maternelle aux anciens. Principalement du conte traditionnel, un soupçon de nouvelles fantastiques. Un jour viendra l’épopée, mais nous n’en sommes pas encore là.